Douleur et Gloire
Douleur
et Gloire
Salvador
Mallo est un réalisateur tourmenté et en fin de carrière qui a connu le succès
mais qui ne réalise plus de films à cause des nombreuses douleurs physiques et
psychiques dont il souffre. Par hasard, il retrouve Zulema, une de ses
actrices, qui lui donne l'adresse d'Alberto Crespo, un acteur d’un de ses
grands succès avec qui il est brouillé depuis trente-deux ans. À son contact,
il sombre peu à peu dans l’addiction à l’héroïne. Frappé d'une terrible
dépression au moment même où Sabor, son film le plus acclamé, est
réédité, il se retrouve submergé par des fragments de son existence et il se
remémore également des souvenirs de son enfance auprès de sa mère à Paterna.
Salvador va connaître toute une série de retrouvailles après plusieurs
décennies, certaines en chair et en os, d'autres par le souvenir, certaines
ravivant parfois ses souffrances, d'autres le relançant dans le processus
créatif et lui permettant d'approcher le sens de sa vie.
Douleur et Gloire
Réalisation
: Pedro Almodóvar
Scénario
: Pedro Almodóvar
Musique : Alberto
Iglesias
Production : El
Deseo
Genre : Drame
Titre
en vo : Dolor y gloria
Pays
d’origine : Espagne
Parution
: 22
mars 2019
Langue
d'origine : Espagnol
Durée
: 113
min
Casting :
Antonio
Banderas : Salvador Mallo, un réalisateur que les
douleurs physiques et morales empêchent de tourner
Asier
Flores : Salvador Mallo, enfant
Asier
Etxeandia : Alberto Crespo
Nora
Navas : Mercedes, l'assistante de Salvador
Leonardo
Sbaraglia : Federico Delgado, le grand amour de
Salvador
Julieta
Serrano : Jacinta, la mère de Salvador en fin de
vie
Penélope
Cruz : Jacinta, jeune
César
Vicente : Eduardo, le jeune maçon à qui Salvador
apprend à lire et à écrire
Cecilia
Roth : Zulema, une actrice amie de Salvador
Raúl
Arévalo : Le père de Salvador
Susi
Sánchez : Beata
Rosalía
: Rosita, la villageoise qui chante
Pedro
Casablanc : Dr. Galindo
Julián
López : Le présentateur de la cinémathèque
Eva
Martín : La radiologue
Sara
Sierra : Conchita
Xavi
Sáez : Un spectateur à la cinémathèque
Agustín
Almodóvar : Le prêtre
Topacio
Fresh : Une spectatrice à la cinémathèque
Mon
avis : Il est bien entendu inutile de
rappeler l’importance de Pedro Almodóvar dans le petit monde du Septième Art de
ces quatre dernières décennies car bon, comment dire, si le réalisateur
espagnol est, sans aucune contestation possible, le plus connu de son pays en
dehors des frontières de celui-ci et que, même aux yeux du grand public plus
avide de films à grand spectacle hollywoodien, Pedro Almodóvar n’est pas un
inconnu, il faut également reconnaitre que ses œuvres, nombreuses, de qualités,
sont pour beaucoup pour la reconnaissance que le réalisateur ibérique connait
auprès des critiques comme du public depuis bien longtemps désormais.
Curieusement, depuis que ce blog existe, je n’avais pas encore eu l’occasion de
vous parler du sieur Almodóvar et, au vu de l’importance du réalisateur, c’était
presque une hérésie ! Fort heureusement, le hasard faisant souvent bien
les choses, hier soir, j’ai eu l’opportunité de voir un de ses longs métrages
les plus récents, l’excellent Douleur et Gloire… Paru en 2019, ce
film est, probablement, un des plus intéressants de Pedro Almodóvar puisque, en
le regardant, il est difficile de ne pas se dire que celui-ci est, en quelque
sorte, le portrait du réalisateur lui-même, de son enfance, de sa réussite, de
ses faiblesses, de ses doutes et, naturellement, de ses amours et amitiés
perdus. Pour camper son alter ego devant la caméra, rien de tel qu’Antonio
Banderas qui est, sans aucun doute possible, l’acteur fétiche
d’Almodóvar : en effet, c’est ce dernier qui le fit débuter lors de ses
premiers films, dans les années 80, et, après l’intermède américain de
l’acteur, qui le fit revenir à ses cotés dans les années 2010. Un duo de choc
de qualité, donc, pour un film qui l’est tout autant : Douleur et
Gloire est donc une œuvre autobiographique, comme je l’ai dit
précédemment, mais c’est également une œuvre d’une intelligence rare, sincère
où un Banderas plus faillible que jamais mais néanmoins magistral, campe un
Almodóvar plus vrai que nature au point même que, lors de chaque scène, chaque
dialogue, le spectateur se demande où est la part de réel et la part de
fiction. Les amateurs de Pedro Almodóvar seront, une nouvelle fois, totalement
conquis par cette énième réalisation de leur réalisateur favori et si,
naturellement, une part plus importante du grand public passera tranquillement
son chemin, quelque part, cela importe peu : après tout, cela ne reste
qu’une affaire de gouts et l’on ne peut pas obliger des gens qui ne jurent que
par des films d’actions ou de super-slips à apprécier une œuvre que l’on
qualifiera de plus intellectuelle. Bref, vous l’avez compris, Douleur
et Gloire est une superbe réussite du sieur Almodóvar, une de plus
diront certains, et, incontestablement, la preuve évidente que le réalisateur
espagnol à encore pas mal de choses à nous raconter, alors, pourquoi bouder son
plaisir et ne pas continuer, encore et encore, à voir ou revoir ses créations…
Points
Positifs :
-
Probablement un des tous meilleurs films de Pedro Almodóvar et, en tous cas,
sans nul doute son plus sincère, son plus personnel puisqu’il est évidant, en
le visionnant, que nous avons affaire à une œuvre autobiographique qui nous
fait découvrir, de superbe manière, le passé et le présent du réalisateur.
-
Un casting de qualité, comme il est de coutume avec Almodóvar et si, parmi les
têtes d’affiches, le grand public reconnaitra particulièrement Penélope Cruz et
Antonio Banderas, c’est surtout ce dernier qui crève l’écran avec une
interprétation magistrale de ce vieux réalisateur sur le déclin qui, obnubilé
par ses diverses douleurs corporelles, n’ose plus faire de cinéma.
-
Malgré un coté nostalgique qui transparait pendant une bonne partie du
film, Douleur et Gloire est, avant toute chose, un bel hymne à
la vie : certes, le passé est omniprésent, certes, il y a eu bon nombre de
séparations, de disparitions et de diverses fâcheries, mais l’avenir peut être
tout de même prometteur.
-
Les fans du sieur Almodóvar retrouveront naturellement un bon nombre des
thématiques habituelles du réalisateur comme le rapport à la mère, les premiers
émois amoureux, le poids du passé, etc.
Points
Négatifs :
-
Bien évidement et, comme c’est à chaque fois le cas avec tous les films de
Pedro Almodóvar, le grand public, nettement plus habitué à des longs métrages à
grand spectacle et où prime l’action au détriment de la réflexion, passera
tranquillement son chemin en se demandant pourquoi le réalisateur espagnol est
toujours porté aux nues. Cela reste, naturellement, une affaire de gouts
personnels…
-
Les détracteurs de Pedro Almodóvar regretteront peut-être que celui-ci ne sorte
quasiment jamais de ses thèmes de prédilections – le poids du passé, le rapport
a la mère, les émois amoureux homosexuels – mais bon, peut-on vraiment lui en
vouloir vu qu’il est tellement doué et se renouvelle à chaque fois ?
Ma
note : 8,5/10
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