Les
Cantos d'Hypérion – Hypérion
Quand
les sept pèlerins se posent à Hypérion, le port spatial offre un grand
spectacle de fin du monde. Des millions de personnes s'entassent derrière les
grilles : les habitants de la planète sont sûrs que le Gritche va venir les
prendre et ils veulent fuir. Mais l'Hégémonie ne veut rien savoir : une guerre
s'annonce et les routes du ciel doivent être dégagées. Et tout ce que le
gouvernement a trouvé, c'est d'envoyer les sept pèlerins. La présidente le leur
a dit d'emblée : « Il est essentiel que les secrets des Tombeaux
du Temps soient percés. C'est notre dernière chance. » Mais les
pèlerins n'y comprennent rien : c'est tout simple, ils ne se connaissent même
pas entre eux ! Heureusement, le voyage leur permettra de se rapprocher. Chacun
raconte son histoire, et l'on s'aperçoit vite que nul n'a été pris au hasard.
Celui qui a fait la sélection, au fils des confidences, paraît bien avoir fait
preuve de lucidité... diabolique. Et d'une cruauté... raffinée !
Les Cantos d'Hypérion – Hypérion
Auteur
: Dan Simmons
Type
d'ouvrage : Science-Fiction
Première
Parution : 30 mars 1989
Edition
Poche : 11 septembre 2014
Titre
en vo : The Hyperion Cantos – Hyperion
Pays
d’origine : Etats-Unis
Langue
d’origine : anglais
Traduction : Guy
Abadia
Editeur : Folio
SF
Nombre
de pages : 637
Mon
avis : Si l’on peut aimer ou détester le
sieur Dan Simmons, il y a au moins une chose sur laquelle tout le monde, ou
presque, est d’accord, c’est la place qu’occupe Les Cantos d’Hypérion dans
son œuvre : tout simplement la première. Après, on peut apprécier ou non,
mais si l’histoire de la littérature fantastique ne devait retenir qu’un seul
titre parmi les nombreux écrits par Simmons, cela serait celui-ci. Œuvre
colossale et archi-connue des amateurs de SF depuis sa parution il y a un peu
trois décennies, Les Cantos d’Hypérion, moult fois
récompensés, ont très longtemps trôné tout en haut des divers classements SF.
Bien évidemment, c’était une autre époque déjà, cela se passait avant l’adaptation
cinématographique du Seigneur
des Anneaux, qui entraina un regain d’intérêt pour la Fantasy,
reléguant la SF au second plan, et depuis, ça ne s’est pas arrangé, la mode
étant aux films de super-héros, alors, forcément, un titre comme Les
Cantos d’Hypérion, s’il n’est pas complètement oublié, n’a plus, depuis
longtemps, les faveurs d’un public plus jeune et possédant d’autres centres
d’intérêts et d’autres œuvres cultes. Et si une telle chose peut, au regard de
l’immense qualité de cette œuvre, paraitre comme fortement dommageable – car
bon, que voulez-vous, quand on aime à ce point une œuvre, on souhaiterait que
le plus grand nombre la découvre – et si l’on peut pester indéfiniment contre
ses effets de mode parfois stupides, rien ne dit que, dans l’avenir, Les
Cantos d’Hypérion ne retrouvent la place qu’ils méritent,
c’est-à-dire, l’une des toutes premières – personnellement, pour ce qui est de
la SF pur et dur, je ne vois que Fondation qui puisse
véritablement rivaliser avec ce classique de Dan Simmons. Mais dans le fond,
tout cela importe peu, et il est temps, véritablement, de s’intéresser au
premier volume de cette œuvre, je veux bien entendu parler d’Hypérion…
Ici, Dan Simmons nous entraine très loin dans le futur, en une époque où
l’humanité, forcée de quitter la Terre, à créer un véritable Empire Galactique
et à coloniser une multitude de mondes. Certes, tout cela n’a pas l’air
franchement original mais la grande force de Simmons, justement, c’est
d’utiliser tous les poncifs du genre, de les assembler dans un délicieux
mélange et de les sublimer de façon plus que réussie. Mais cette domination
humaine est bien plus fragile qu’il n’y parait puisque, d’un côté, il y a les
Extros, descendants de terriens ayant, au fil des siècles, appris à évoluer
dans l’espace, et véritable Némésis de la civilisation humaine, et, de l’autre,
les Intelligences Artificielles qui, de leur étrange et mystérieux
Technocentre, conseillent et guident les humains qui, en
fait, leur doivent tout, ou presque. Et, c’est sur la lointaine planète Hypérion,
un monde étrange aux confins du Retz et où les premiers colons ont découvert
des édifices monumentaux et inexplicables qui viennent du futur, allant à
l’envers du temps, que va se dérouler le récit : en effet, ceux-ci vont
bientôt s’ouvrir et cela semble intéresser à la fois les Extros, prêts a
envahir Hypérion, mais aussi les IA, dont certains d’entre eux ne semblent pas
vraiment porter l’humanité dans leurs cœurs, du coup, le seul moyen trouvé par
les dirigeants humains est d’envoyer… sept hommes et femmes, sept pèlerins,
participer au pèlerinage gritchèque, un curieux culte qui loue les louanges
d’une étrange créature métallique, le Gritche, tueur implacable et
insaisissable qui vit sur Hypérion. Tout cela semble insensé ? En fait, et
comme on le verra par la suite, pas vraiment puisque tout, en fait, est lié,
mais le postulat de base est posé, et franchement, il est excellent. La
première fois que j’ai lu Hypérion, j’ai été frappé par la
structure de celui-ci et je dois avouer que je m’attendais à tout sauf à
cela : en effet, dans ce premier volume des Cantos, si Dan
Simmons nous narre bien entendu le cheminement des sept pèlerins jusqu’aux
Tombeaux du Temps, la quasi majeure du texte est consacrée aux récits de
ceux-ci ; ainsi, sur environ six cent pages, le lecteur va découvrir le
passé du Père Hoyt et de son cruciforme de résurrection (l’un de mes passages
préférés), la quête d’une femme énigmatique, par le plus grand soldat du Retz,
Fedmahn Kassad, l’œuvre inachevée, les fameux Cantos, du souvent détestable
et tout le temps torché, poète, Martin Silenus, le terrible drame personnel de
Sol Weintraub et de sa fille qui rajeunie au lieu de vieillir et qui n’en a
plus que pour quelques jours (avant de ???), les mystères qui entourent la
Voix de l’Arbre authentique, Het Masteen le Templier, l’histoire d’amour entre
une femme détective, la pétillante Brawne Lamia, et un cyborg du Technocentre,
constitué des souvenirs d’un poète anglais, John Keats (personnage réel qui,
pour la petite histoire, écrivit une œuvre intitulé… Hypérion)
ainsi que le mystérieux passé du Consul, dont la planète fut, autrefois,
annexée par l’Hégémonie avec tout le mal que cela entraina pour les locaux. Et,
du coup, si le lecteur s’attendait à un habituel et finalement banal
récit de SF comme tant d’autres, à la place, il en a six (car un pèlerin ne
racontera pas le sien), tous aussi passionnants les uns que les autres, variés,
formidables miroirs des multiples genres de la Science-Fiction et qui, chacun à
leur manière, apportent une pierre à l’édifice final : celui de la
compréhension de la place de ces pèlerins sur Hypérion. Alors, chaque lecteur
aura ses préférences suivant les récits, et, pour moi, ceux du prêtre et de Sol
Weintraub furent ceux qui me captivèrent le plus ; mais attention, les
autres sont tout aussi bons et apportent chacun une pierre importante a la
qualité de l’ensemble. Bien évidemment, je reconnais que cette façon de faire,
ce choix narratif, finalement assez étonnant pour ne pas dire osé, a plus en
étonner, voir surprendre plus d’un… d’ailleurs, probablement que ce fut l’une
des raisons qui firent que certains n’ont jamais accroché a Hypérion :
entre cet assemblage de récits hétéroclites, la complexité de l’ensemble mais
aussi, ne le nions pas, le fait qu’il ne se passe pas grand-chose (l’intrigue
ne décollera vraiment que dans la suite, La Chute d’Hypérion), je
conçois qu’il n’est pas évidant d’accrocher a Hypérion. Mais si
c’est le cas, alors là, quel bonheur : entre des récits captivants, des
personnages hauts en couleur auquel l’on s’attache très vite, un ton intimiste
d’où ressort une certaine tristesse mais aussi, ne l’oublions pas, un univers
futuriste d’une crédibilité étonnante après coup avec l’infosphère –
Internet, en 1989, était à mille lieux de ce qu’il est aujourd’hui, hors,
Simmons nous en donne une version acceptable et améliorée de ce qu’il pourrait
devenir – des voyages spatiaux et un déficit de temps d’une logique implacable
et une dépendance humaine envers les machines plausible, on ne peut que
constater, lorsque l’on arrive à la dernière page du roman, que Dan Simmons
nous a pondu là un sacré chef d’œuvre, l’un de ses livres rares qui ne sortent
qu’une fois, ou presque, par décennie. Mais bien entendu, aussi excellent
qu’est Hypérion, celui-ci n’est que le premier volume d’un cycle et
je reviendrais donc dessus, du coup, je vous donne donc rendez-vous, bientôt je
l’espère, pour voir si la suite est à la hauteur et, quelque chose me dit (mon
petit doigt) que cela sera le cas !
Points
Positifs :
-
Le premier volet de ce qui est, sans nul doute, un des plus grands chefs
d’œuvres de la science-fiction – d’ailleurs, depuis sa parution, dans le genre,
on n’a plus jamais fait aussi bien, c’est pour dire. Avec Hypérion,
Dan Simmons nous entraine dans les prémices d’un cycle monumental et que l’on
peut qualifier d’exceptionnel, un véritable classique du genre, a lire
absolument !
-
La structure narrative de ce roman peut paraitre singulière de prime abord
puisque l’on croirait presque avoir a faire a un assemblage de nouvelles,
cependant, ces divers récits des pèlerins, aussi différents soient-ils, sont
tout simplement nécessaires pour la compréhension de l’ensemble et,
accessoirement, de la suite. Qui plus est, chaque récit est l’occasion, pour
Simmons, de nous proposer un sous-genre de la SF : cyberpunk, space-opéra,
etc.
-
Des protagonistes charismatiques, un univers d’une richesse impressionnante,
une histoire du futur de l’humanité que l’on peut qualifier de crédible et un
travail de fond, de la part de l’auteur, sur les relations entre les
personnages, la place de la religion, la guerre, la colonisation, la poésie, le
danger de l’intelligence artificielle, les voyages spatiaux, etc.
-
Certains des récits des pèlerins sont tout simplement exceptionnels et, dans le
cas présent, j’ai une nette préférence pour celui de Sol Weintraub, d’une telle
tristesse au vu de la malédiction qui touche sa fille qui, jour après jour, se
voit rajeunir…
-
Le Gritche, figure incontournable du cycle.
-
Les Tombeaux du Temps, crées dans le futur et qui remontent en arrière dans le
passé ; une idée incroyable mais géniale ! Mais où Simmons va-t-il
chercher tout cela ?
-
Un Dan Simmons au sommet de son art, ce qui peut laisser dubitatif vis-à-vis de
l’auteur au vu de certaines de ses autres créations.
Points Négatifs :
-
La structure narrative d’Hypérion est, bien entendu, ce qui en fait
l’une de ses grandes forces, cependant, celle-ci peut déplaire a pas mal de lecteurs
qui se demandent pourquoi tellement de monde voue un culte a un tel assemblage
de nouvelles ? Eh oui, on peut parfaitement ne pas accrocher à Hypérion !
-
L’action ne décollera véritablement que dans le second tome.
Ma note : 9,5/10
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